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Publié le 08/09/10


Dany DANINO


Dany DANINO est né en 1971. Il vit et travaille à Bruxelles.

Un cadavre au goût exquis Taraudé depuis toujours par la question de la figuration et de ses multiples avatars, Dany Danino propose, dans cette nouvelle série, un développement inédit de formes enchevêtrées, s'inscrivant sur une surface clairement délimitée par les contours d'une boîte crânienne.

L'artiste a délaissé la matière picturale pour adopter un médium strict : le stylo à bille, allié de la technique précise du dessin. Leur union crée un graphe bleuté sur la toile, un chevauchement de passages linéaires aux évocations multiples. Le surgissement d'une vie puisée au sein de sa propre chair.

A y regarder de plus près, on se perd dans une profusion de lignes convulsives qui mène à un tourbillon de pensées, surgi d'un trait animé par une main frénétique. Une forme définie se voit saturée de corps érotisés, de crânes individualisés voire de réminiscences historiques, artistiques, religieuses autant qu'intimes. Les yeux n'ont plus qu'à se poser sur ces diverses allégories à la vie ou à la mort, sur ces divers fantasmes mis à nu où l'individuel rejoint le collectif. Le tragique du monde, lié à l'ironie d'une époque, d'un homme se décline subtilement en ce qu'il a de plus vorace et de plus séducteur à la fois.


Mémoire de mon crâne*

Issu de multiples observations et impressions personnelles, le tracé de ces circonvolutions, aux accents doux-amers, fait sens par association. En effet, ces obscurs rapprochements sont le fruit d'images rejaillies du fond de la mémoire ou puisées ça et là, dans divers médias ' journaux, revues, ouvrages esthétiques ou historiques.

Elles sont recopiées, retouchées et retravaillées sous forme d'esquisses et de carnets de croquis afin d'en cerner la substance. Diverses représentations figurées qui font chemin avec l'artiste, le nourrissent et donnent corps à son oeuvre.

Rien ne s'oublie, tout laisse une trace*

Il se tisse, d'une forme à l'autre, une trame arachnéenne où s'entrelacent espoirs et désillusions, liés à des temps passés, présents et à venir. Des tattoos tabous gravés dans l'os à défaut de peau. L'idée étant d'atteindre le soubassement des fantasmes humains1.

Une boîte de Pandore dont la forme aurait celle d'un crâne, siège de la conscience et symbole de la vanité à laquelle nous sommes tous confrontés. Le Temps, la Mort, le Sexe, fondements humains traversant l'imaginaire de siècle en siècle et dont les références, à l'heure actuelle, délaissent la représentation hautement codifiée du XVIIe siècle pour adopter le parti pris d'une mise en acte du processus de corruption qui spécifie l'homme2.

Jouissance de la vie tout autant qu'angoisse de la finitude, Eros et Thanatos ont partie liée et nous invitent, encore et toujours, à leur danse dionysiaque.

Souviens-toi que tu vas mourir*

L'art est une manière de rendre manifeste ce qui ne peut se laisser saisir, de l'instaurer dans la permanence de la trace. Un processus cathartique dont la finalité passe par le faire et son résultat.

Dessiner à bras-le-corps, étendu sur la toile, dans un geste répété, effréné, à la fois concentré et instinctif, dans l'élan pulsionnel d'une écriture automatique. Un cadavre au goût exquis s'esquisse' Une décharge, s'il en est, d'un trop plein d'énergie.

L'artiste met à profit tant l'inconscient que la force du bras et guide ces lignes tracées, barrées, saturées, et minutieusement interconnectées, pour nous faire passer d'un motif à l'autre, d'un souvenir flou au surgissement de pensées réelles ou secrètes voire même abstraites.

Un éveil vers d'autres possibles'


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