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Publié le 15/10/10 |
La loi du marcheur, entretien avec Serge DaneyEvènement passé. Du 4 au 5 novembre 2010 à Béziers (34).
Théâtre sortieOuest, Jeudi 4 novembre à 19h00 - Vendredi 5 novembre à 21h00 -Théâtre - 1h55.
« Passeur, je suis resté au milieu du gué, en attendant que d'une rive ou de l'autre quelqu'un m'appelle ou me tende la main, et comme ça n'arrivait jamais, je me suis mis à donner de la voix et à faire passer de petits messages oraux ou écrits, pour donner des nouvelles d'une rive à l'autre sans appartenir moi-même à l'une de ces rives. Ni celle des gens normaux qui consomment les films, ni celle de ceux qui « font », les artistes (') » Serge Daney, Persévérance
Un projet de et avec Nicolas Bouchaud Mise-en-scène Eric Didry Collaboration artistique Véronique Timsit Lumière Philippe Berthomé Scénographie Elise Capdenat Son Manuel Coursin Régie générale et lumière Ronan Cahoreau-Gallier Vidéo Romain Tanguy et Quentin Vigier production déléguée - Théâtre du Rond Point, coproduction - Théâtre National de Toulouse Midi-Pyrénées, Cie Italienne avec Orchestre, dans le cadre du Festival d'Automne
Daney incarne véritablement « l'homme-spectateur » comme naguère Edgar Allan Poe rencontra « l'homme des foules ». Cette figure du spectateur, du veilleur au milieu de la foule, m'apparaît comme la question centrale et le motif poétique de notre spectacle.
Quel spectateur acceptons-nous d'être ? Quel spectateur désirons-nous être ? Quel spectateur sommes-nous ? Qu'acceptons-nous de recevoir de l'autre ? Qu'est-ce qui se fabrique de soi à partir du lieu de l'autre ?
C'est à notre propre rapport à l'art que nous renvoie Daney. L'art en tant qu'il est du côté du présent et de la vie, c'est-à -dire du côté de l'expérience. On l'opposerait ainsi à son versant patrimonial et muséal, on l'opposerait surtout au cercle fermé des initiés. Il suffit de se souvenir qu'il prend sa source dans notre enfance et qu'un photogramme aperçu en passant à l'entrée d'un cinéma peut changer sensiblement le cours des choses en nous.
Imaginons donc un acteur jouant un spectateur. Je crois que l'art de l'acteur est intrinsèquement lié à sa vie de spectateur quand il n'est pas sur le plateau. Nous n'inventons rien d'autre que ce que nous avons déjà vu, aimé, oublié, aperçu, désiré' Cela ne fait pas appel à une mémoire consciente, mais on voit quel spectateur a été l'acteur, qu'est-ce qu'il a vu, comment il l'a vu, qu'est-ce que ça lui a fait. Serge Daney est comme un grand frère, une voix proche, un ami jamais rencontré. Souvent, comme acteur nous dialoguons avec des inconnus, des fantômes, précieux et avenants.
C'est comme cela que je voudrais approcher Daney, dans un dialogue. Il ne s'agira pas de l'imiter, de m'identifier à lui au sens où l'on parle de se « glisser dans la peau d'un personnage ».
La schizophrénie de l'acteur m'apparaît toujours assez douce et ludique à partir du moment où s'établit un dialogue avec le rôle, le texte ou l'auteur. Ce dialogue, on peut le faire sentir, le donner à voir sur le plateau, le faire affleurer afin que s'ouvre un espace entre soi et le texte. Il s'agit donc de jouer avec Daney et non pas à sa place. Jouer, c'est toujours une question de regard, de distance bonne ou mauvaise sur ce que nous devons interpréter.
Daney, je le vois à une certaine distance. Pas en gros plan.
Béziers (34)
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