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Publié le 01/06/12


La mixité s’invite dans les loisirs

Bordeaux (Gironde).

Elle a passé au peigne fin les salles de sport, les médiathèques, les centres sociaux, les cités stades, les parcs et les jardins publics de trois communes en périphérie de Bordeaux. Edith Maruéjouls finalise sa thèse portant sur la répartition des filles et des garçons au sein des structures de loisir jeunesse.



Au bout de la promenade des quais de Bordeaux, rive droite, le city stade du quartier de la Bastide accueille régulièrement son lot de garçons alternant parties de basket et de football. Des garçons uniquement : il n'y a pas un brin de fille à l'horizon. Où sont-elles ? Sur les trois territoires qui constituent son terrain de recherche en thèse, Edith Maruéjouls effectue un inventaire systématique de la répartition des filles et des garçons dans les équipements et espaces publics destinés aux loisirs. Statistiquement, on trouve 100 % de garçons dans les city stades, et 95 % dans les skates parc.

Des loisirs qui provoquent l'hégémonie masculine
Ce sont des statistiques inédites : deux fois moins de filles que de garçons dans les structures sportives analysées. « On peut aussi considérer, explique Edith Maruéjouls, que les collectivités subventionnent deux fois plus les loisirs des garçons. » Elles pratiquent sûrement d'autres activités' ? Pas massivement, répondent les chiffres, puisque les filles sont à peine plus présentes que les garçons dans les médiathèques et les écoles de musiques. Et les stéréotypes de sexe sont très forts dans le choix des activités : batterie et football pour lui, flûte traversière et gymnastique pour elle. De plus, « au début de l'adolescence, un moment clé de la construction identitaire, explique-t-elle, les filles se détournent complètement des maisons de jeunes, après avoir fréquenté pendant des années les centres de loisirs. Clairement, il y a un repli des filles vers la sphère privée ».

La pénurie des chiffres
A l'origine du projet de recherche, chapoté par Yves Raibaud, maître de conférences et géographe à l'Université de Bordeaux 3, un colloque organisé en 2006 à Bordeaux. Il donne naissance au réseau aquitain mixité, parité et genre (http://www.reseau-mpg.com/ ), regroupant institutionnels, universitaires, associations et élus. Mais argumenter pour défendre les valeurs de l'égalité homme-femmes nécessite de s'appuyer sur du concret. Rapidement, le réseau constate que les statistiques manquent. C'est ainsi qu'un financement de thèse est alloué par la Région afin qu'Edith Maruéjouls dresse un état des lieux local sur les activités de loisir des jeunes en fonction de leur genre. Avec une problématique précise : « Je ne demande pas à un garçon pourquoi il ne s'est jamais inscrit en danse, spécifie la chercheuse, j'interroge la société : d'où est-ce que ça vient ? Quelles en sont les conséquences ? »

Elle effectue des comptes rendu réguliers à ses financeurs « pour pouvoir amener cette étude-là sur le débat public ». Sa thèse se termine en décembre 2012, et la chercheuse compte bien donner avec ses résultats « des préconisations pour changer les pratiques ».


Bordeaux, 33

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