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Publié le 02/02/12


Bouvet Guyane 2012 : Coups de stress et abandon de Pascal Tesnière


Mis en difficulté dès le premier jour de course suite à divers problèmes dont un mal de mer tenace, le navigateur normand s'est blessé à la main le 31 janvier 2012. Il a déclenché sa balise de détresse et a été évacué sur l'Etoile Magique. C'est le premier abandon de la course. Au 3ème jour de navigation d'autres rameurs connaissent des difficultés diverses et... Jean-Jacques Gauthier continue à imposer son rythme suivi par un peloton serré de Guyanais.







Pascal Tesnière à bord de l'Etoile Magique
Hier soir vers 19 h TU, le Cross Gris Nez informait le PC Course de la détresse activée par la balise Sarsat de Pascal Tesnière. Aussitôt contactés, les deux navires qui accompagnent la course se rendaient sur la position du canot Charlotte 76 avec pour mission d'assister le skipper en difficulté et d'essayer de connaître les raisons de cette alerte. Vers 21 h TU, l'organisation de la course apprenait qu'en tentant de réparer son chargeur de téléphone Iridium en panne depuis le départ, Pascal s'était profondément entaillé la main et qu'il ne lui semblait plus possible de poursuivre sa route vers Cayenne à la seule force des avirons.




Le CROSS coordonne désormais l'évacuation du blessé qui a été transbordé tôt ce matin à bord du catamaran accompagnateur l'Etoile Magique. Selon le diagnostic établi par l'hôpital de Toulouse en relation téléphonique avec une infirmière à bord de l'Etoile Magique, le marin de Gonfreville l'Orcher sera soit évacué vers la terre en urgence, soit débarqué aux îles du Cap Vert situées à 300 milles dans le NE. Quant au canot Charlotte 76 de Pascal, il pourrait être pris en remorque par un bateau de plaisance spécialement affrété pour cette opération et ramené à Dakar dans les prochains jours.

Jean-Jacques Gauthier, décidément impérial, a réalisé la meilleure progression de ces 24 heures (11h/11h) en effectuant 42,68 milles en gain au but soit près de 4 milles de plus que Pascal Vaudé talonné par Francis Cerda et un autre guyanais en la personne de Henri-Georges Hidair. Les dix premiers ont effectué plus de 30 milles en 24 h. Didier Lemoine ferme la marche avec une journée à 22,73 milles. Au classement de 11 h ce matin Jean-Jacques Gauthier avait porté son avance sur le second Hidair à 11,53 milles, soit une vingtaine de km. Le 3ème Eric Lainé était à 15,67 milles du leader. Suivaient deux autres guyanais, Vaudé et Verdu, puis Christophe Dupuy et Rémy Alnet. Jean-Emmanuel Alein, encore un guyanais, était déjà à plus de 20 nautiques du premier. Ce qui équivaut à une demi-journée de retard.

Le point météo avec Michel Horeau. « Je persiste à penser que mieux vaut être au nord qu'au sud de la flotte. Les deux jours à venir vont être ventés, environ 20 nds de secteur N/NE, et la mer sera formée. Il faudrait mieux le contraire, des vents faibles de secteur nord et frais de secteur est de façon à pousser les barreurs en direction de la Guyane. Le danger dans l'immédiat est de se laisser embarquer dans le sud au prétexte que c'est le début de course et qu'il faut prendre ses marques. Il faut savoir que dans la Bouvet Guyane, c'est très facile de descendre en latitude mais très difficile de remonter. Donc aujourd'hui, c'est plus important de faire du cap que de la vitesse et le fait de ramer fait gagner environ 20 degrés de cap ». Benoît Soulies a dû entendre Michel. Il est le seul des rameurs à se tenir encore au nord du 14ème Nord.

Jean-Christophe Lagrange en panne de déssalinisateur : « L'appareil n'a produit que 2 litres d'eau en 10 h de fonctionnement. Y a un gros problème que j'ai cherché à résoudre en vain cette nuit. Sachant que je consomme environ 10 litres d'eau par jour et que j'ai embarqué 20 litres d'eau en bidon en plus des 20 litres obligatoires, ça ne va pas le faire ». Jean-Christophe, le « voileux » de la flotte, éprouvait depuis hier des difficultés à ramer en haute mer. Aujourd'hui, le problème est autrement plus embarrassant. Il dispose certes d'un appareil de secours à débit restreint mais il ne se voit pas traverser l'Atlantique dans ces conditions. La seule solution est de remettre en état de marche l'appareil principal à fabriquer de l'eau douce. « Et ce impérativement avant ce soir », a précisé le skipper de la Quenelle Magique.

Pascal Vaudé n'a plus de batteries. « Dans l'après-midi du départ, l'alarme de charge de mes deux batteries a sonné dans le canot indiquant que le niveau de charge était en dessous du minimum alors que le dessalinisateur fonctionnait et que j'écoutais de la musique. Les deux batteries (qui datent de 2009 !, ndlr) sont HS » déclarait le rameur guyanais toujours bien placé avec ses deux compatriotes Henri-Georges Hidair et devant Pierre Verdu. Durant la journée, les deux panneaux solaires suffisent à alimenter l'indispensable, mais la nuit c'est disette. Pascal qui se plaignait ce matin d'une douleur au trapèze est contraint de « rouler à l'économie ». Plus de musique, plus d'électronique, et plus d'éclairage sous la coque la nuit, ce qui ennuie particulièrement ce pêcheur à l'origine d'un concours inter Bouvet Guyane.

Marc Chailan a la « pêche ». Chaque jour l'organisation contacte par téléphone satellite un tiers des compétiteurs. Sur les huit appelés ce matin, quatre ont répondu et Marc Chalain, skipper de Grain de Sel, nous a semblé le plus serein : « J'arrive à dormir sur des périodes de trois heures la nuit. Je m'alimente correctement. J'ai eu un petit problème avec un panneau solaire que j'ai résolu. Tout se passe bien sinon quelques ampoules aux mains ». L'Ardéchois Marc Chailan est heureux sur l'eau. Il ne figure pas dans le peloton de tête mais ça ne le gêne pas. La course n'en est qu'au début du début.

Pierre Verdu est dans le rythme : « Grâce à mon éclairage sous-marin, je peux ramer efficacement la nuit. Et de jour, je tire sur les avirons à bonne cadence sans me faire d'ampoules aux mains. J'accélère dix coups de pelle et une fois que le bateau est lancé, je maintiens le rythme en forçant plus sur le bras gauche qui pilote l'aviron au vent. Ça me fait gagner un demi-mille par heure, ce qui est bien. Le moral est bon d'autant plus que j'ai vendu le bateau juste avant le départ, ce qui m'arrange bien financièrement ». Pierre vise un way-point à 105 milles de là au cap 227°, qui lui convient tout à fait avec les conditions actuelles. Bref lui aussi est heureux, mais il va devoir un peu ralentir le rythme car il commence à fatiguer et ne se nourrit pas suffisamment.


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