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Publié le 12/10/12


Vincent Dieutre : Déchirés/Graves

Evènement passé.

Le mercredi 24 octobre 2012 à Paris (75).

Vincent Dieutre offre une belle opportunitĂ© aux jeunes comĂ©diens de l'Ă©cole du ThĂ©Ăątre National de Bretagne : ĂȘtre Ă  la fois eux-mĂȘmes en Ă©crivant leur propre texte, et quelqu'un d'autre en inventant « leur propre personnage, leur propre voix ». Le cinĂ©aste redĂ©finit en leur compagnie et dans un corps Ă  corps sensible, la matiĂšre (documentaire et fictionnelle), de son cinĂ©ma (fictionnel et documentaire). Aucune diffĂ©rence entre les personnages qui habitent le film et les jeunes gens qui habitent la ville filmĂ©e, Rennes. Ils sont eux-mĂȘmes les interprĂštes, troublants et troublĂ©s, de figures issues de la tĂ©lĂ©-rĂ©alitĂ©. La voix off du cinĂ©aste questionne les corps et le lieu. Un questionnement proche d'une quĂȘte, quĂȘte qui hante son cinĂ©ma depuis toujours.




Dans une sĂ©quence inaugurale saisissante, le cinĂ©aste filme depuis une fenĂȘtre du thĂ©Ăątre l'arrivĂ©e des jeunes acteurs lors du premier rendez-vous. Il les introduit dans sa fiction Ă  leur insu, alors que leur identitĂ© nous est rĂ©vĂ©lĂ©e simultanĂ©ment sur le gĂ©nĂ©rique du film : comĂ©diens affirmĂ©s tout en restant encore eux-mĂȘmes sous le double regard de la camĂ©ra (l'oeil subjectif de Vincent et l'objectif ne faisant plus qu'un). Dans JaurĂšs, son film prĂ©cĂ©dent, il filmait dĂ©jĂ  d'une fenĂȘtre les Ă©migrants afghans : observateur inquiet et attentif au regard respectueux, lien premier et fragile Ă  l'Autre. Et ces Autres - d'ici et d'ailleurs, apprentis comĂ©diens et migrants afghans ' formeront une fraternitĂ© le temps du film (et d'une oeuvre qui s'inscrit dans son temps propre).

FraternitĂ© que le cinĂ©aste ne cesse de reconstituer dans ses films, tĂ©moignages inquiets de ce qui pourrait ne bien ĂȘtre hĂ©las, en dehors du cinĂ©ma, qu'une utopie. Demeure la nĂ©cessitĂ© de filmer le prĂ©sent d'un collectif d'apprentis comĂ©diens prĂȘts Ă  affronter le rĂ©el, collectif, d'un pays engagĂ© dans une Ă©lection prĂ©sidentielle (la France du mois de mai 2012). Etrange contradiction pour ces jeunes acteurs : sortir d'eux-mĂȘmes pour devenir des autres, au coeur d'une Ă©poque troublĂ©e dans laquelle il leur faudra lutter pour rester profondĂ©ment eux-mĂȘmes, intacts. Affirmer leur altĂ©ritĂ© avec force, jusqu'Ă  une possible insurrection, et malgrĂ© l'adversitĂ© des mauvaises fictions imposĂ©es par le cynisme de l'Ă©poque qui tenteront de faire d'eux - comme de nous tous ' de pĂąles comĂ©diens sur la scĂšne publique (et artistique). Le temps du film - le temps de leur jeunesse - du moins auront-ils Ă©chappĂ©s Ă  un « emploi », ce mot utilisĂ© aussi bien au thĂ©Ăątre que sur le marchĂ© du travail (qui n'est rien d'autre qu'une comĂ©die du travail). Cet « emploi », stĂ©rĂ©otypĂ©, inhumain, est ici dĂ©passĂ©, balayĂ© par la seule force du jeu, libre et vital, de la jeunesse. Christophe Pellet

Vincent Dieutre - Déchirés/Graves
Mercredi 24 octobre 2012 Ă  20h
La fémis
6 rue Francoeur
75018 Paris





Paris (75)

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