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Publié le 05/03/12


La politique européenne sur les agrocarburants est inadaptée


Les agrocarburants : plus chers que les essences traditionnelles et plus polluants...
Ils en sont désormais presque tous revenus. On les croyait être une alternative crédible aux combustibles traditionnels. N'en déplaise à Bruxelles, qui continue de les soutenir financièrement, pour ne pas contrarier certains lobbies ou par ignorance, ce qui serait encore plus grave, les agrocarburants sont en réalité une véritable plaie environnementale.


Changements d'affectations des sols, déplacements de populations, participation active à l'augmentation du prix des denrées alimentaires, émissions de gaz à effet de serre (GES) dues au transport : mis bout à bout, ces dommages collatéraux génèrent une empreinte écologique in fine bien supérieure à celle des essences « standard ». Les Amis de la Terre et Action Aid l'ont eux aussi admis dans une étude d'extrapolation à charge publiée hier. Une de plus'

Quelques jours à peine après la Cour des Comptes, qui a expertisé la politique française en matière de carburants alternatifs et a notamment constaté que « (sa) pertinence environnementale, qui est celle la plus immédiatement mise en évidence pour le citoyen, est difficile à mesurer et de plus en plus contestée », ces travaux amènent eux aussi à se poser une question capitale : pourquoi persister à soutenir les agrocarburants au lieu de faire la courte échelle aux biocarburants dits de troisième génération, dont il ne fait plus le moindre doute qu'ils sont autrement plus « propres » que leurs aînés ?

Les premiers nommés sont de surcroît « un mauvais business », assènent en choeur Les Amis de la Terre et Action Aid, selon lesquels le litre de bioéthanol coûtera entre dix-neuf et quarante-et-un centimes d'euro de plus que le litre d'essence « classique » à l'horizon 2020, le biodiesel présentant quant à lui un surcoût compris entre trente-cinq et cinquante centimes d'euro. A l'aube de la prochaine décennie, l'excédent atteindrait par ailleurs la coquette somme de dix-huit milliards d'euros' par an, étant entendu que ce sont les usagers qui devront mettre la main à la pâte pour que l'objectif fixé par la Commission européenne de 10 % de carburants issus des énergies renouvelables d'ici 2020 soit atteint.

« Les coûts de production pour les biocarburants sont généralement plus élevés que les coûts de production des combustibles fossiles qu'ils sont censés remplacer ». Implacable, le verdict des deux associations ' qui déplorent également le montant à leurs yeux trop élevé des subventions allouées aux agriculteurs cultivant les denrées à partir desquelles sont élaborés les agrocarburants ' est aussi sensiblement identique sur le fond au diagnostic émis par la Cour des Comptes.

Bruxelles persiste et signe
Mais Les Amis de la Terre et Action Aid, eux, se sont penchés sur les cas de l'Allemagne et de la Grande-Bretagne, qui sont les deux plus gros consommateurs d'agrocarburants du Vieux Continent et semblent déterminés à le rester. Nos voisins d'outre-Rhin pourraient en effet prochainement déterminer un seuil de 12 % d'agrocarburants dans les réservoirs ' soit deux points de plus que ce que vise Bruxelles et près du double de leur part actuelle ' et le gouvernement britannique envisage également de revoir ses prétentions à la hausse pour se conformer à cet objectif européen que l'Observatoire français des biocarburants récemment créé ne remet pas davantage en cause, au contraire. De ces alignements résulterait un tribut fiscal particulièrement lourd pour les automobilistes continentaux puisqu'il a été chiffré entre quatre-vingt-quatorze et cent vingt-six milliards d'euros sur dix ans.

Une estimation réfutée par la Commission, qui maintient que son dessein, soutenu envers et contre toutes les (nombreuses) expertises qui doutent de son bien-fondé, y compris celles menées par des organismes européens, amènera une réduction de 21 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) à l'horizon 2020. Cette diminution paraît plus que jamais improbable. La hausse des prix à la pompe, elle, ne fera pas de doute tant que Bruxelles persistera dans cette voie.

Bien qu'ils soient de moins en moins nombreux à la partager, c'est hélas très bien parti pour que la Commission reste prisonnière de sa certitude.


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