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Publié le 17/01/12


Stress-tests nuclĂ©aires : l’ASN recommande le chapelet et la pioche


Les fameux "stress tests" longuement Ă©voquĂ©s suite Ă  la catastrophe de Fukushima ont dĂ©butĂ© le 1er juin 2011. La Grande-Bretagne et surtout la France, qui comportent le plus de rĂ©acteurs et mettent ainsi en danger toute l'Europe, ont fait pression pour des Ă©valuations a minima. Cette logique est aberrante : normalement, plus les responsabilitĂ©s sont lourdes, plus les exigences devraient ĂȘtre Ă©levĂ©es ! Le 3 janvier 2012, l'AutoritĂ© de SĂ»retĂ© NuclĂ©aire a rendu son rapport concernant ces stress tests, rĂ©alisĂ©s par EDF. Verdict : aucune centrale Ă  fermer... mais des dizaines de milliards d'euros de travaux Ă  prĂ©voir.








Des dizaines de milliards d'euros de travaux
Des centrales fiables... enfin, pas tout Ă  fait : de la bouche mĂȘme du prĂ©sident de l'AutoritĂ© de SuretĂ© NuclĂ©aire, des travaux colossaux sont Ă  prĂ©voir, nĂ©cessitant des investissements massifs. L'ASN n'a pour l'instant donnĂ© aucun chiffre, mais au vu des mesures prĂ©conisĂ©es par l'autoritĂ©, les travaux pourraient se compter en dizaines de milliards d'euros. Les citoyens, qui devront payer l'essentiel de la facture, sont en droit de se demander le sens de cette conclusion : si le parc nuclĂ©aire français est sĂ»r, pourquoi prĂ©voir des travaux pharaoniques, qui s'avĂšrent lents, compliquĂ©s, et immensĂ©ment chers ? A contrario, si les centrales ne sont pas sĂ»res, cela signifie que leur vie est en jeu : dans ce cas, il est urgent d'arrĂȘter les installations.




Des centrales passables pour un danger acceptable ?
Il faut lire entre les lignes pour le deviner mais l'aveu est là : l'ASN considÚre que les centrales sont passables... si l'on se réfÚre aux exigences de sûreté antérieures à Fukushima. Concernant les risques imprévisibles (terrorisme, piratage informatique, crashs d'avions, facteur humain, défaillances simultanées...) il est écrit noir sur blanc qu'aujourd'hui, le seuil de sûreté des installations n'est pas atteint. Les recommandations de l'ASN en matiÚre de travaux ne s'accompagnent pour le moment ni d'un calendrier précis, ni d'un budget défini ; l'ASN a toutefois demandé à EDF de fournir d'ici 6 mois un « noyau dur », soit un ensemble de dispositions matérielles et organisationnelles permettant de contrer la progression d'un accident grave. Le président de l'ASN, M. Lacoste, évoque par exemple une mise en place de « diesel d'ultime secours » pour chaque réacteur, mais « pas avant 2018 ». Et en attendant... on prie ?

Des investissements colossaux, un non-sens Ă©conomique
Au moment mĂȘme oĂč le PrĂ©sident de la RĂ©publique parle d'une hausse de la TVA de plusieurs points et que la France traverse une crise Ă©conomique sans prĂ©cĂ©dent, la note paraĂźt d'autant plus salĂ©e. Elle l'est Ă  plus forte raison au regard d'une trĂšs rĂ©cente Ă©tude des Ă©nergĂ©ticiens de l'association Global Chance, qui estime qu'une sortie totale du nuclĂ©aire coĂ»terait 60 milliards d'euros de moins qu'une poursuite du programme nuclĂ©aire français. La sortie du nuclĂ©aire, comme l'a dĂ©montrĂ© notre voisin allemand, serait beaucoup plus lĂ©gĂšre pour les finances publiques, tout en permettant la rĂ©gĂ©nĂ©ration du tissu Ă©conomique et industriel français, en crĂ©ant au passage d'ici 2020 plus de 600 000 emplois qualifiĂ©s non dĂ©localisables.

Jean-Marie Brom, physicien nuclĂ©aire et porte-parole du RĂ©seau "Sortir du nuclĂ©aire" conclue ainsi : « Ce rapport prĂ©sente l'intĂ©rĂȘt d'ĂȘtre rigoureusement non scientifique, car il ne repose que sur des Ă©tudes anciennes et non rĂ©actualisĂ©es : il est impubliable dans une revue scientifique. Par ailleurs, il est politique : on y trouve toutes les raisons de continuer les centrales, ou de les arrĂȘter, selon la lecture qu'on en fait. Enfin, il est profondĂ©ment religieux : nous devons espĂ©rer que rien ne se passe d'imprĂ©visible d'ici Ă  ce que l'on ait fait les travaux... »

Téléchargez l avis n° 2012-AV-0139 du 3 janvier 2012 de l'Autorité de sûreté nucléaire sur les évaluations complémentaires de la sûreté des installations nucléaires

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