Stress-tests nuclĂ©aires : lâASN recommande le chapelet et la pioche
Des dizaines de milliards d'euros de travaux Des centrales fiables... enfin, pas tout Ă fait : de la bouche mĂȘme du prĂ©sident de l'AutoritĂ© de SuretĂ© NuclĂ©aire, des travaux colossaux sont Ă prĂ©voir, nĂ©cessitant des investissements massifs. L'ASN n'a pour l'instant donnĂ© aucun chiffre, mais au vu des mesures prĂ©conisĂ©es par l'autoritĂ©, les travaux pourraient se compter en dizaines de milliards d'euros. Les citoyens, qui devront payer l'essentiel de la facture, sont en droit de se demander le sens de cette conclusion : si le parc nuclĂ©aire français est sĂ»r, pourquoi prĂ©voir des travaux pharaoniques, qui s'avĂšrent lents, compliquĂ©s, et immensĂ©ment chers ? A contrario, si les centrales ne sont pas sĂ»res, cela signifie que leur vie est en jeu : dans ce cas, il est urgent d'arrĂȘter les installations. Des centrales passables pour un danger acceptable ? Il faut lire entre les lignes pour le deviner mais l'aveu est lĂ : l'ASN considĂšre que les centrales sont passables... si l'on se rĂ©fĂšre aux exigences de sĂ»retĂ© antĂ©rieures Ă Fukushima. Concernant les risques imprĂ©visibles (terrorisme, piratage informatique, crashs d'avions, facteur humain, dĂ©faillances simultanĂ©es...) il est Ă©crit noir sur blanc qu'aujourd'hui, le seuil de sĂ»retĂ© des installations n'est pas atteint. Les recommandations de l'ASN en matiĂšre de travaux ne s'accompagnent pour le moment ni d'un calendrier prĂ©cis, ni d'un budget dĂ©fini ; l'ASN a toutefois demandĂ© Ă EDF de fournir d'ici 6 mois un « noyau dur », soit un ensemble de dispositions matĂ©rielles et organisationnelles permettant de contrer la progression d'un accident grave. Le prĂ©sident de l'ASN, M. Lacoste, Ă©voque par exemple une mise en place de « diesel d'ultime secours » pour chaque rĂ©acteur, mais « pas avant 2018 ». Et en attendant... on prie ? Des investissements colossaux, un non-sens Ă©conomique Au moment mĂȘme oĂč le PrĂ©sident de la RĂ©publique parle d'une hausse de la TVA de plusieurs points et que la France traverse une crise Ă©conomique sans prĂ©cĂ©dent, la note paraĂźt d'autant plus salĂ©e. Elle l'est Ă plus forte raison au regard d'une trĂšs rĂ©cente Ă©tude des Ă©nergĂ©ticiens de l'association Global Chance, qui estime qu'une sortie totale du nuclĂ©aire coĂ»terait 60 milliards d'euros de moins qu'une poursuite du programme nuclĂ©aire français. La sortie du nuclĂ©aire, comme l'a dĂ©montrĂ© notre voisin allemand, serait beaucoup plus lĂ©gĂšre pour les finances publiques, tout en permettant la rĂ©gĂ©nĂ©ration du tissu Ă©conomique et industriel français, en crĂ©ant au passage d'ici 2020 plus de 600 000 emplois qualifiĂ©s non dĂ©localisables. Jean-Marie Brom, physicien nuclĂ©aire et porte-parole du RĂ©seau "Sortir du nuclĂ©aire" conclue ainsi : « Ce rapport prĂ©sente l'intĂ©rĂȘt d'ĂȘtre rigoureusement non scientifique, car il ne repose que sur des Ă©tudes anciennes et non rĂ©actualisĂ©es : il est impubliable dans une revue scientifique. Par ailleurs, il est politique : on y trouve toutes les raisons de continuer les centrales, ou de les arrĂȘter, selon la lecture qu'on en fait. Enfin, il est profondĂ©ment religieux : nous devons espĂ©rer que rien ne se passe d'imprĂ©visible d'ici Ă ce que l'on ait fait les travaux... » TĂ©lĂ©chargez l avis n° 2012-AV-0139 du 3 janvier 2012 de l'AutoritĂ© de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire sur les Ă©valuations complĂ©mentaires de la sĂ»retĂ© des installations nuclĂ©aires En savoir plus Partager : |