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Publié le 19/10/11


Coup de vieux chez les dipneustes : Biodiversité et patrimoine vivant


Lionel Cavin, paléontologue au Muséum d'histoire naturelle de la Ville de Genève (Suisse) et Anne Kemp, biologiste à l'Australian Rivers Institute de Brisbane (Australie), viennent de montrer que les dipneustes, ces curieux poissons primitifs qui possèdent à la fois des poumons et des branchies, sont beaucoup plus anciens et précieux qu'on ne l'a pensé jusqu'ici.




En découvrant en Thaïlande un fossile du Crétacé inférieur (140 millions d'années) appartenant à cette lignée de poissons et en réexaminant des fossiles du Trias (250 millions d'années) provenant de collections de musées, les deux chercheurs ont montré que certains dipneustes appartiennent à une branche très ancienne, très particulière et très longue de l'arbre de l'évolution, au même titre que les fameux poissons coelacanthes considérés comme de véritables fossiles vivants.

Les dipneustes étaient largement répandus dans les eaux douces de la planète au début du Secondaire. L'étude helvetico-australienne montre que c'est dans ces temps lointains qu'une lignée de dipneustes s'est individualisée et est parvenue à survivre jusqu'à nos jours sous la forme d'une espèce unique qui vit en Australie.

Cette découverte fournit des arguments inédits en faveur de la protection des dipneustes. Selon Lionel Cavin et Anne Kemp, "il faut dorénavant considérer ce poisson comme un véritable fossile vivant faisant partie de notre patrimoine mondial de la biodiversité". Il apparaît aujourd'hui particulièrement urgent de protéger Neoceratodus forsteri, cette espèce australienne endémique d'environ 120 cm de long qui est fragilisée du fait qu'elle ne (sur)vit plus que dans quatre petits bassins hydrographiques de la région de Brisbane (Queensland). Pour préserver l'unique dipneuste australien, il est donc indispensable de gérer au mieux l'aménagement et l'exploitation des cours d'eau des alentours de Brisbane, une zone en forte croissance et parmi les plus densément peuplées d'Australie.

Cette étude montre ainsi que la paléontologie, science fondée sur l'étude d'espèces disparues depuis des millions d'années, peut déboucher sur des questions très actuelles liées à l'avenir de la biodiversité.


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