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Publié le 25/04/12


Poème de Jacques Grieu : Vive la France


A mes enfants, j'ai dit : soyez fiers de la France ;
Sur les cinq continents, admirons sa puissance.
Dans toutes les matières, en toutes circonstances,
Depuis deux millénaires, elle « est » la connaissance.
Tu es terre des arts, des armes et des lois
Pays des Droits de l'Homme et du savoir gaulois,
Qui sur le globe entier a montré tes exploits.
Tu es la référence et tu donnes la voie.
A l'école on apprend qu'on était les meilleurs,
Que le génie français n'a pas d'égal ailleurs.
Dans l'hexagone instruits, qu'ingénieurs et savants,
Artistes et philosophes allaient toujours devant.
Que brandissant leur science ainsi qu'un étendard,
Ils éclairaient le monde, le guidant tel un phare.

Construit à Taïwan, mon réveil hollandais,
A une sonnerie aux accents irlandais.
Ce matin ma radio, qu'au Japon on fabrique,
Me servait pour musique, un rap qui vient d'Afrique.
Je tourne le bouton, du Schubert trouve enfin,
Chanté par une Belge à l'orchestre italien.
Je breakfast de corn-flakes et d'un peu de soja,
D'une orange espagnole avant l'arabica.
Je le verse en un bol qui est made in China
En le sucrant d'un miel produit au Canada.
Mon rasoir coréen m'ayant fait la peau lisse,
Dans ma Renault slovène, j'ouvre ma radio suisse
Tombe sur Monaco, où les Beattles trépignent.
Green-Peace, on s'en étonne, en un scandale indigne
N'a pas son siège en France ? Ils seraient rancuniers,
Ceux du Rainbow-Warrior pourtant bien amnistiés ?
A mes enfants, j'ai dit : soyez fiers de la France ;
Sur les cinq continents, admirons sa puissance.

Depuis la tour Eiffel jusqu'au canal de Suez,
Airbus ou TGV, c'est la touche française.
De Clovis à De Gaulle, à Sully à ' Mitterrand,
Avec Napoléon, la France avait son rang.
Les Maurras, les Jaurès, les Barrès, les Briand,
Par leurs belles envolées, montrèrent ses talents
Comme firent avant eux Bossuet ou Talleyrand
Richelieu, Mirabeau, Thiers ou Chateaubriand


De Bizet à Fauré, Debussy ou Ravel
La musique française eut des oeuvres immortelles.
Que dire des Gabin, des Piaf et des Trenet,
Des Delon, des Brassens, des Brel ou des Jouvet !
A mes enfants, j'ai dit : soyez fiers de la France ;
Sur les cinq continents, admirons sa puissance

Au bureau, mon PC qui est made in Ireland
D'invectives en anglais me tance et réprimande.
Et quand sur Internet, spams et virus se lâchent,
Il m'abreuve de bogs ou deamons qui fâchent.
Au self pour déjeuner, c'est un osso-buco
Arrosé de ketchup sans un cocorico.
Fromage mimolette et glace gelati
Forment ce léger lunch avec un vin d'asti.
Alors mon téléphone, un Nokia de Finlande,
Fabriqué en Pologne, avec des piles Allemandes
M'appelle de Belgique où est ma direction
Pour prendre le shuttle dès demain en mission.
Quand je rentre chez moi, un camion Tchèque bloque ;
Son chauffeur est Hongrois mais sa marque amerloque .
A mes enfants, j'ai dit : soyez fiers de la France ;
Sur les cinq continents, admirons sa puissance.

Ma banque CCF, chez moi, dans mon courrier,
M'a dit qu'elle est mangée par une HSBC,
Que mes titres Arcelor sont devenus indiens,
Que mes Eurotunnel ne se portent pas bien.
Je cours me réfugier dans ma bibliothèque
Où la littérature est restée intrinsèque.
De Marot à Queneau, de Ronsard à Mauriac
De Montaigne à Rousseau, de Racine à Balzac,
Rabelais ou Pascal, de Musset à Prévert,
Je me repais de Proust et puis passe à Flaubert.
Des vers de Mérimée, je saute à Giraudoux,
Avant de m'apaiser par un Rimbaud bien doux.
J'allume une télé, une énorme machine,
D'une marque allemande, et qui est faite en Chine.
Au programme, je trouve un film américain,
Des séries autrichiennes, un document indien,
Un texte de Shakespeare, un ténor italien,
Un thriller écossais, un polar brésilien.
J'admire Thalassa qui en Corée s'en va,
Pour visiter Samsung, Daewoo et Kia,
Pour regarder comment nos cargos chez Hyundaï,
Sont construits en neuf mois pour charger à Shangaï.
L'équipage est roumain, le second australien'
Déprimé, je m'endors : un songe étrange vient

Le Siège de l'ONU trône au quartier Défense,
Et les Jeux Olympiques auront bien lieu en France.
La langue de Molière en ces lieux prestigieux,
Triomphe et se répand parmi tous les milieux.
La coupe America se déroule à Marseille
Où dame CGT fait taire l'appareil.
Nos Universités que tout le monde envie,
Attirent les cerveaux, les surdoués, les génies.
Budget en excédent, la dette résorbée ;
Bruxelles dit bravo ; nous sommes adoubés.
Si Renault double Ford et Peugeot Toyota,
Le Havre monte en flèche et passe Nagoya.
Chômage disparu; pouvoir d'achat record !
Et au Moyen-Orient, Jupé crée un accord.
La Sécu euphorique, inondée d'excédents
Rembourse les lunettes et même toutes dents.
Nos trente-cinq heures habiles dans tous les pays plaisent
Et à Vaulx-en-Velin tinte la Marseillaise.
A mes enfants, j'ai dit : soyez fiers de la France ;
Sur les cinq continents, admirons sa puissance.

Mon réveil est brutal quand sonne mon portable.
Le shuttle est en grève ! Et ce report m'accable.
Je ne sais pas pourquoi mon moral tombe en berne :
C'est que, probablement, je ne suis pas moderne.
Je sors donc mon mouchoir d'une veste écossaise ;
Mais l'un est de Hong-Kong, l'autre est taïwanaise.
Un vieil auteur a dit : Ces choses-là sont rudes ;
Il faut pour les comprendre avoir fait des études .
Mais les études, ici, sont-elles comme il faut ?
Dois-je aller à Séoul, à Oxford, Toronto ?
Une idée, tout à coup : Coué au moins, est Français ?
Celui de la méthode, un génie, comme on sait.
Bien français, m'assure-t-on. Alors c'est l'espérance !
Et donc, vive la France ! On a bien de la chance !
A mes enfants, j'ai dit : soyez fiers de la France ;
Sur les cinq continents, admirons sa puissance.
Sur les cinq continents, admirons sa puissance.
Sur les cinq continents, admirons sa puissance '


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