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Publié le 23/04/12


Liz Wardley : Je ne fais plus le VendĂ©e Globe
 pour l’instant


Quand le 1er fĂ©vrier 2012, par communiquĂ© de presse, Sensation Sailing Team, l'Ă©curie de course de Jean-Baptiste Dejeanty, annonce officiellement la participation de Liz Wardley au prochain VendĂ©e Globe, c'est pour la jeune femme un rĂȘve qui se rĂ©alise. Malheureusement, la suite va virer au cauchemar' MalgrĂ© les contrats, les effets d'annonce et les confĂ©rences de presse, le sponsor n'a pas tenu ses engagements.



Il n'y a pas eu de financement de sa part et donc pas de bateau, ce qui a conduit Liz Wardley Ă  rĂ©silier le contrat qui la liait Ă  ce sponsor aprĂšs une mise en demeure restĂ©e sans effet. Aujourd'hui, Ă  sept mois du dĂ©part du Tour du Monde, la triste rĂ©alitĂ© s'impose Ă  Liz Wardley : « Le projet est mort, je ne fais plus le VendĂ©e Globe ! » Le coup est d'autant plus dur Ă  encaisser qu'au-delĂ  de ce rĂȘve brisĂ©, la jeune femme se retrouve sans rien. Mais, si la tristesse et la colĂšre sont aujourd'hui immenses, Liz, comme Ă  son habitude, ne veut pas se laisser abattre et se lance un nouveau dĂ©fi : « On m'a offert un rĂȘve, j'y ai cru, maintenant on me le reprend. Mais je ne peux pas tirer une croix comme ça sur un VendĂ©e Globe avec lequel je vis 24 heures sur 24 depuis trois mois. Aussi proche de l'Ă©chĂ©ance du dĂ©part, en partant de zĂ©ro, sur le papier c'est impossible de monter un projet. Et bien, je vais quand mĂȘme essayer ! »



* Liz, le 9 mars 2012 à La Roche-sur-Yon, en conférence de presse, Sensation Sailing Team présentait officiellement ton sponsor pour le Vendée Globe. Aujourd'hui, un mois plus tard, tu prends la parole pour annoncer que le projet est mort. Que s'est-il passé ?
« DĂ©jĂ  lors de cette confĂ©rence de presse, j'avais de trĂšs sĂ©rieux doutes sur la crĂ©dibilitĂ© du projet. Cela faisait deux mois que Sensation Sailing Team attendait, en vain, les premiers versements financiers pour confirmer l'acquisition du bateau. A chaque fois, le reprĂ©sentant du sponsor avait une bonne excuse pour justifier le retard. Cette confĂ©rence de presse, c'est le sponsor qui l'a fixĂ©e. Contractuellement, je me devais donc d'ĂȘtre prĂ©sente et je ne pouvais pas me permettre de dire quoi que ce soit. Depuis, rien n'a Ă©voluĂ©, j'ai donc rĂ©siliĂ© le contrat qui me liait au sponsor aprĂšs une mise en demeure de respecter ses engagements qui n'a Ă©tĂ© suivie d'aucun effet. C'est pour cette raison que je ne prends la parole qu'aujourd'hui pour exposer ma situation et crier ma colĂšre. »

* Un sponsor « miracle » qui vient te chercher à un an du départ pour te proposer de faire le Vendée Globe, ça ne t'a pas paru suspect ? N'as-tu pas été un peu naïve dans cette histoire ?
« Fin dĂ©cembre 2011, quand Jean-Baptiste Dejeanty m'a annoncĂ© que le sponsor qu'il avait trouvĂ© souhaitait engager un second bateau et qu'il m'a demandĂ© si j'Ă©tais intĂ©ressĂ©e pour faire le prochain VendĂ©e Globe, j'ai tout d'abord cru Ă  une blague' Et puis tout est allĂ© trĂšs vite : une semaine plus tard, nous avons vu un bateau et, Ă  la demande du sponsor, nous avons posĂ© une option d'achat dessus. Dans la foulĂ©e, j'ai rencontrĂ© le reprĂ©sentant du sponsor et quelques jours plus tard je signais un contrat de trois ans. Fin janvier, Ă  la demande du sponsor, Sensation Sailing Team m'a demandĂ© de prĂ©venir l'organisation du VendĂ©e Globe de ma participation et l'a officialisĂ©e par l'envoi d'un communiquĂ© de presse. Dans ce contexte, comment voulez-vous que je n'y crois pas !? Ce jour-lĂ , je me suis juste dit que j'avais une chance Ă©norme, que je vivais un conte de fĂ©e et que mon rĂȘve devenait rĂ©alitĂ©' »

* Aujourd'hui, ce rĂȘve est-il dĂ©finitivement brisĂ© ? Qu'en est-il de ce sponsor ?
« Pour moi, le dossier est dĂ©finitivement clos. Nous sommes Ă  sept mois du dĂ©part et nous n'avons ni argent, ni bateau ! L'argent promis n'a pas Ă©tĂ© versĂ©. On nous a menti, un point c'est tout. Je dis « on » car c'est la mĂȘme chose pour Jean-Baptiste et sa sociĂ©tĂ© Sensation Sailing Team. Je ne les tiens pas pour responsables : eux aussi ils avaient toutes les raisons d'y croire ! Maintenant, comme je l'ai dit, les contrats qui nous liaient au sponsor ont dĂ» ĂȘtre rĂ©siliĂ©s' Concernant ces gens qui nous ont fait ça, je ne prĂ©fĂšre mĂȘme pas en parler, ce serait leur faire trop d'honneur. Ce que je peux dire c'est que j'ai la rage' »

* La rage justement, c'est ce qui caractérise ton état d'esprit aujourd'hui ?
« Rage et sentiment d'injustice, oui' Quand j'ai dĂ©mĂątĂ© lors de ma tentative de Tour du Monde (en 2009 Ă  bord du 52 Sol'OcĂ©an), j'ai eu un peu la mĂȘme rĂ©action. J'ai pleurĂ©' j'ai criĂ©' La diffĂ©rence c'est que quand tu dĂ©mĂątes tu ne peux t'en prendre qu'Ă  toi, Ă  la technique ou, au pire, aux Ă©lĂ©ments. Ça fait partie du jeu et donc tu assumes. LĂ , le jeu a Ă©tĂ© faussĂ© par des tricheurs ! Le sentiment d'injustice est Ă©norme et d'autant plus fort que moi, je n'avais rien demandĂ© Ă  personne ! On est venu m'offrir un rĂȘve, on m'y a fait croire et maintenant on me le reprend' C'est dĂ©gueulasse, il n'y a pas d'autre mot. »

* Quelles sont les conséquences pour toi aujourd'hui de cette affaire ?
« Tout d'abord moralement, c'est trÚs dur à vivre. Et puis d'un point de vue pratique, cette affaire me met également dans une situation trÚs délicate. En décembre dernier, avant que toute cette histoire commence, j'étais à fond sur mon projet de traversée de l'Atlantique en pirogue que je devais tenter fin 2012. Le bateau était en construction et je commençais à mettre en place des partenariats. Du coup j'ai tout interrompu durant prÚs de quatre mois. Aujourd'hui je n'ai plus de chantier pour redémarrer la construction de la pirogue, le projet n'est plus réalisable dans les délais, je n'ai plus de partenaires et plus de revenus depuis décembre' Mais je ne veux pas me laisser abattre. Et puis je relativise : c'est mon « drame » personnel mais c'est malgré tout bien petit comparé à tout ce qui peut se passer un peu partout dans le monde. »

* Quels sont désormais tes projets puisque tu ne participeras pas au prochain Vendée Globe ?
« Je ne participerai pas au VendĂ©e Globe dans le cadre de ce projet et sous les couleurs de ce sponsor, ça c'est sĂ»r' mais je n'ai pas renoncĂ© au VendĂ©e Globe pour autant ! Je ne peux pas tirer une croix comme ça sur une aventure pour laquelle je vis 24 heures sur 24 depuis trois mois. Je sais que le dĂ©part du VendĂ©e Globe est dans sept mois, que je n'ai pas un sous, pas de bateau, pas de sponsor' Je sais que je pars de zĂ©ro et qu'essayer de monter un projet dans des dĂ©lais si courts n'est sĂ»rement ni raisonnable ni mĂȘme possible. Mais je vais essayer quand mĂȘme ! Tout d'abord parce que tenter des challenges impossibles c'est mon truc. Et puis le VendĂ©e Globe c'est une aventure avant tout et donc ça se mĂ©rite. Il y a trente ans, personne ne pensait que c'Ă©tait « possible » de faire la course autour du monde et malgrĂ© tout il y a treize « dingues » qui y sont allĂ©s et c'est grĂące Ă  ces gens-lĂ  que le VendĂ©e est devenu la plus grande course du monde. Alors moi aussi je veux tenter l'impossible pour le VendĂ©e Globe. Enfin, derniĂšre chose : on m'a brisĂ© un rĂȘve dĂ©jĂ  une fois pour ce VendĂ©e Globe alors mĂȘme si c'est dingue, je ne donnerai Ă  personne le droit de m'empĂȘcher de rĂȘver une nouvelle fois' »

* Le Vendée Globe 2012 reste donc ton objectif, malgré les délais ?
« Plus que jamais. Et en tout cas jusqu'Ă  fin juin. Je vais tout faire pour essayer de trouver un partenaire me permettant de financer la location d'un bateau d'ici lĂ . J'en connais un de disponible et prĂȘt Ă  naviguer. Si on y arrive, je fonce. J'essaierai de me qualifier durant l'Ă©tĂ© pour ĂȘtre prĂȘte pour le 10 novembre. Une grande marque de sport avait pour slogan il y a quelques annĂ©es IMPOSSIBLE IS NOTHING' Eh bien je vais m'en inspirer et je vous annonce donc officiellement le lancement de mon projet VendĂ©e Globe 2012 : Liz Wardley 2012 ! »


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