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Publié le 06/02/12


Lady Linn & Her Magnificient Seven : album No Goodbye at All

Evènement passé.

Le lundi 19 mars 2012 ( ).

Agée de 30 ans, originaire de Sint-Amandsberg, à la périphérie de Gand, Lady Linn fait parler d'elle en Belgique depuis le milieu des années 2000. Avec ses musiciens, les Magnificent Seven, elle a d'abord évolué dans une manière de jazz swing des années 1930-1950 avant de faire entendre dans son premier album en 2008 (Here We Go Again) une approche soul et rhythm'n'blues.







Et cela lui réussit, dans sa capacité à perpétuer autant la tradition de la blue-eyed soul, terme remontant aux années 1960 pour désigner la soul interprétée par des Blancs à laquelle s'agrègent des éléments pop, que la manière de faire des artistes de Stax Records - celle d'Otis Redding, Johnnie Taylor ou Eddie Floyd, âpre, rugueuse, avec des gros sons de saxophone, une rythmique évocatrice des terres du Sud et des chaînes des esclaves. Ajoutez à cela un amour pour Nina Simone, femme du blues et de l'Afrique. La scène donne des ailes à Lady Linn et permet à l'orchestre d'affirmer sa puissance. Après 2011, l'année de la révélation en France de sa compatriote Selah Sue, les mois à venir se devront d'être ceux de Lady Linn.




Quand on entend de telles chansons, on a tendance à se croire à l'autre siècle, quelque part dans une Amérique en noir et blanc, avec des filles carrossées comme des Pontiac et des Pontiac belles comme le premier jour. Il y a une rythmique irrésistiblement dansante, des cuivres qui font frétiller la moelle épinière et surtout une voix tout en swing et en féminité, une voix qui donne envie de faire des bêtises, une voix qui fait rêver à des nuits blanches. Mais on est ici et maintenant, avec Lady Linn et ses Magnificent Seven, avec No Goodbye At All, leur premier album. Un saut dans le temps, vers cette époque à laquelle des chanteuses de jazz dominaient le Top 100 américain ? Mieux que ça : une musique d'aujourd'hui, éclatante et généreuse, portée par une voix qui se ballade sur la mélodie avec une drôle d'autorité mutine et une gouaille de titi newyorkaise ' ou plutôt gantoise.

Car Lady Linn vient de Gand, dans cette Flandre qui exporte depuis des années son électro hédoniste et son rock pêchu. Son rayon à elle, c'est ce jazz riche et chaleureux qu'elle arrache aux dictionnaires et aux compils historiques pour l'écrire aujourd'hui. Au commencement, bien sûr, il y avait une nostalgie, une envie, une admiration. Au Conservatoire, Linn a rassemblé autour d'elle ses Magnificent Seven pour jouer du jazz. « Mais je ne voulais pas d'un groupe de plus jouant des standards, explique-t-elle. Je voulais reprendre des chansons oubliées qui jadis furent de la pop, faire entendre ce jazz populaire dont plus personne ne se souvenait. »

Pourtant, Lady Linn n'a pas grandi dans ce répertoire. Gamine, elle aime Beat It de Michael Jackson et Tomorrow de la comédie musicale Annie. Ses parents écoutent Prince, les Beatles, les Stones, Led Zep, la vieille soul et la musique classique. A huit ans, elle commence le piano classique et, avant d'avoir vingt-cinq ans, a chanté dans des groupes de rock, de hip hop et de dance, donné beaucoup de concerts et même enregistré un disque. Elle se rêvait pianiste de concert, elle est chanteuse tout-terrain. Elle réalise qu'elle n'aime rien tant que les disques d'Anita O'Day dans les années 40, pour sa drôlerie et son efficacité rythmique.

Alors elle commence à décrypter paroles et musique sur de vieux disques ' « pour rigoler, pour se faire plaisir, pour partager ». Pendant quatre ans, Lady Linn and The Magnificent Seven tournent sans faiblir, avec leur pêche roborative, leur technique impeccable et leur répertoire puisé chez Anita O'Day, Duke Ellington, Dinah Washington ou Ella Fitzgerald. « Puis j'ai eu envie d'écrire mes propres chansons. »

Car, avec sa voix de cuivre et de sucre, avec sa frange à la Betty Page et son sourire radieux, avec son abattage de grande dame et ses rires de fillette, Lady Linn pourrait n'être qu'une interprète aux charmes multiples et affirmés. Or elle est aussi une plume exigeante, que ce soit pour les paroles ou pour les mélodies. Mais il ne s'agit plus, comme à l'adolescence, de poser quelques rimes sur une grosse rythmique hip hop ou de jouer les écervelées sur une poperie soyeuse.

Lady Linn prend à bras le corps la vieille question des habits neufs du jazz et lui apporte des réponses diablement pertinentes, notamment dans ses textes, qui sonnent comme ceux d'une fille actuelle, qui n'a pas sa langue dans la poche : « J'ai été inspirée par les paroles des chansons de l'époque classique, mais ce sont des paroles d'aujourd'hui. Elles ne sont pas romantiques de la même manière, j'aime aussi qu'elles soient drôles, ironiques, amusantes pour le public comme pour moi. » Outre l'écriture, elle met aussi la main aux arrangements, qu'elle partage avec le pianiste des Magnificent Seven, Christian Mendoza : « Il sait comment colorier les chansons, comment les faire plus belles que je ne les écris. » Elle a passionnément aimé l'enregistrement avec le magicien Renaud Létang, producteur d'albums historiques de Manu Chao, Alain Souchon, Feist, Mathieu Boogaerts ou Abd Al Malik. Et, maintenant, c'est l'envol. Lady Linn s'installe sur les platines, sur les tracklists, sur les ondes. C'est un début. No Goodbye At All, vous dit-on.



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